1 septembre 2021
Vous l’avez vu dans le titre, n’est-ce pas ? La référence à cette grande dame de la chanson française. Quoi de mieux pour introduire le thème des roses, me diriez-vous ... Pour les passionnés de chansons d’amour, ça sera pour un prochain article, promis. J’espère toutefois que vous allez vous régaler avec ces quelques paragraphes, qui seront un aperçu de la diversité des roses, ponctué de quelques faits intéressants sur celle qu’on surnomme la reine des fleurs.
Introduction
Quand on dit vous dit « roses », à quoi pensez-vous ? À l’amour ? À votre routine beauté aux huiles essentielles ? Messieurs : à ces marchands à la volée, un peu trop insistants qui interrompent votre balade en amoureux pour vous proposer une rose, indispensable selon eux au bonheur de la belle demoiselle ? … Ah la belle époque avant-covid, avec ses terrasses et ses marchands de roses… Pour ma part cela m’inspire des airs du titre ‘la vie en rose’ d’Édith Piaf. Mais aussi la bonne odeur caractéristique de la visite d’une roseraie au printemps. Ceci dit, depuis quand les rosiers sont-ils entrés dans notre quotidien ?
Le genre rosa
Le genre Rosa comprend entre 150 et 200 espèces sauvages. Les rosiers domestiques, pour leur part, sont cultivés depuis plus de 3000 ans et sont caractérisés par une diversité florale impressionnante. Les cultivars, c’est-à-dire les variétés sélectionnées et cultivées se trouvent donc depuis bien longtemps dans notre environnement quotidien. Que se soit dans nos jardins, nos aliments, nos bouquets, nos huiles essentielles, nos cosmétiques ou même dans nos produits pharmaceutiques. Tout ceci confère aux roses une grande importance économique.
Le genre Rosa fait partie de la famille largement cultivée des rosacées. Cette famille comprend d’autres espèces d’intérêt agronomique comme les fraises, pommes, pêches, poires, prunes, amandes, framboises… D’un point de vue scientifique, plusieurs traits comme son petit génome de l’ordre de 500 mégabases (Mb), sa forte fertilité inter-espèce et les techniques avancées d’horticulture font de la rose un des meilleurs modèles pour l’étude des plantes pérennes et ligneuses.
Figure 2 - Les roses dans notre quotidien
La rose dans l’antiquité
Le rôle le plus important de la rose dans la culture antique était peut-être son étroite association avec la déesse égyptienne de l’amour, Isis. La rose était son symbole et était souvent représentée à ses côtés dans l'art de l'Égypte ancienne, principalement dans ses temples à Thèbes. D’ailleurs la rose nommée Belle Isis lui rend bien hommage. Vous pourrez observer cette variété à la roseraie du Val de Marne, en région parisienne.
Dans la mythologie grecque, la rose est la fleur par excellence de l’amour. Elle est associée à la déesse de l’amour et de la beauté Aphrodite. C’est elle qui fut à l’origine de la création de la rose rouge, lorsqu’elle se fit piquer par des ronces de rosiers et que son sang recouvra la fleur blanche qui en était issue. Dans la mythologie romaine, c’est la déesse Vénus qui serait à l’origine de la création des variétés de roses rouges. Vénus, notons-le, correspond à Aphrodite chez les grecs.
Sur le plan archéologique, des bouquets de roses ont été retrouvés dans le tombeau de Toutankhamon. La légende raconte également que Cléopâtre aurait fait recouvrir l’une des salles de son palais d’Alexandrie de pétales de roses, à hauteur de genoux pour séduire le général romain Marc Antoine.
Des traits sélectionnés
Lors de la domestication de la rose, certains traits floraux ont été sélectionnés, tels que la forme des pétales, leur couleur ou leur nombre. Notamment, les rosiers sauvages portent généralement des fleurs à cinq pétales dites : « fleurs simples», alors que les variétés modernes de rosiers qui en dérivent possèdent pour la plupart des fleurs dites « doubles », pouvant avoir jusqu’à 200 pétales. Une « fleur double » est un terme horticole qui désigne une fleur à dix pétales ou plus et pouvant présenter une nouvelle fleur au sein de la corolle. Ce caractère est apparu spontanément par la culture et la sélection au cours de la domestication (roses doubles dans les anciennes illustrations en Asie et en Grèce), conférant à la fleur de rosier une qualité esthétique fortement recherchée.
Figure 3 - Évolution des rosiers
Une autre qualité recherchée chez la rose est son parfum, qui est émis principalement par les pétales et les étamines. Ceci a récemment conduit à d’intéressants articles de recherche scientifique sur la régulation des gènes responsables de la synthèse de terpènes ou l’oxyde de rose [5]. Ces deux molécules sont les principales responsables de l’odeur caractéristique des rosiers. Cette belle odeur fait de la rose de Damas, à l’origine de 90 % des essences produites, l’une des plus recherchées et cultivées par l’industrie du parfum. Certains horticulteurs sélectionnent également la vitesse de croissance, la résistance ou la longueur des tiges, pour obtenir de belles roses coupées.
La composition chimique gagnante
Pendant longtemps, on a attribué des vertus quasi-miraculeuses au rosier. Il était notamment considéré comme un puissant tonifiant, ou utilisé en cas de tuberculose. Ce qui faisait de la confiture de roses un incontournable de la Grande armée napoléonienne [3]. Sous un axe moins glamour, les coussins de rose sont depuis longtemps recommandés pour apaiser les douleurs liées aux hémorroïdes, … parenthèse fermée!
La validation scientifique de la présence de divers composés chimiques a confirmé plusieurs vertus attribuées à la rose au cours de l’histoire. Nous savons maintenant que les rosiers contiennent des composés phénoliques comme des flavonoïdes et des tannins ou encore de la vitamine C et des terpénoïdes.. La plante doit ainsi son activité antiseptique et cicatrisante aux dérivés phénoliques. Ces propriétés adoucissantes viendraient des terpénoïdes. L’eau de rose ou hydrolat de rose, quant à lui, est recommandé en usage interne comme astringent, dans le traitement des diarrhées légères, grâce à la présence de tanins.
En France, le rosier est depuis longtemps utilisé comme ingrédient dans divers produits adoucissants pour la peau, le contour des yeux ou le cuir chevelu. Il est également très apprécié dans les recettes de confitures, de desserts, de liqueurs et se marie bien à la cuisson de certains poissons.
Et maintenant ?
Même si tout le monde n’est pas passionné des roses, j’espère vous avoir convaincu qu’elles n’en restent pas moins intéressantes, quel que soit votre domaine d’étude. En attendant votre prochaine visite à la roseraie d’à côté, voici quelques illustrations au format “carte postale”. À vous de trouver à quel cultivar correspond chacune d’elles et ce qui fait sa particularité. Vous pourrez pour cela, vous aider des liens cités en référence.
Figure 4 - Variétés de rosiers
En savoir plus
Société Nationale d'Horticulture de France. Acte de colloque,
Roses, mettez-vous au parfum, 2015. .
Article paru dans Je Science donc J'écris n°28 - Septembre 2021