Insuffisance ovarienne
Chaque fille naît avec 1 à 2 millions de follicules ovariens, dans lesquels se développent les ovules. Parmi ces millions de follicules, seulement 450 environ seront évacués par les ovaires lors des menstruations. Les autres follicules sont progressivement détruits avec l’âge, et plus rapidement à partir de 37 ans. Une fois arrivés sous le seuil de 1000 follicules, la ménopause commence : il n’est plus possible de procréer.
1 % des femmes sont atteintes d’une ménopause précoce, c’est-à-dire avant 40 ans : on parle d’insuffisance ovarienne précoce. Ses symptômes sont identiques à la ménopause normale, et son arrivée peut s’expliquer par une anomalie de formation des follicules (blocage au stade de maturation, ou alors épuisement trop rapide des stocks). Il peut y avoir d’autres raisons comme des traitements médicaux ou chirurgicaux (ablation des ovaires, chimiothérapie suite à un cancer, …). L’insuffisance ovarienne prématurée (IOP) peut également apparaître des suites de facteurs héréditaires (diabète, syndrome de Turner, des maladies auto-immunes, etc.).
Lors de l’IOP, la femme n’a plus de menstruations et les ovaires ne fonctionnent plus ; elle subit de même les symptômes d’une ménopause normale, c’est-à-dire bouffées de chaleur, sautes d’humeur, baisse de la libido, etc… Bien entendu, chaque femme a un cycle un peu différent, mais ça se passe comme ça si tout est bien régulier.

Comment diagnostique-t-on une insuffisance ovarienne précoce ?
Il faut faire vérifier la réserve ovarienne par une prise de sang effectuée le 3ème jour des prochaines menstruations et faire une échographie pour compter le nombre de follicules présents puis en déduire le potentiel ovocytaire. Notons qu’il est admis dans le monde médical, qu’une femme connaisse des problèmes de fertilité dès 10 ans avant la ménopause : pour une femme avec une IOP, cela se traduit par des problèmes de fertilité dès 30 ans.
Une solution : le rajeunissement ovarien
Plusieurs solutions sont étudiées. La première que nous allons aborder dans cet article est la technique Ovarian Fragmentation for Follicular Activation (OFFA). Elle entre dans le cadre de la procréation médicalement assistée (PMA). Elle consiste en la réactivation des follicules ovariens par fragmentation ovarienne, quand la cause est le blocage de la maturation des follicules et donc un faible taux de follicules matures. Le cortex ovarien est une zone de l’ovaire qui abrite les follicules. Pour faire simple, un fragment de cette zone est prélevé par voies naturelles et découpé, puis les follicules « inactifs » sont stimulés et réimplantés dans les ovaires. Cette technique n’est pas invasive, et ne demande pas de délai de convalescence. Cette méthode est un dernier recours avant de passer au don d’ovocytes.
La deuxième solution est le Bone Marrow Derived Stem Cells (BMDSC) et utilise les cellules souches dérivées de la moelle osseuse (une cellule souche est une cellule qui peut se transformer en n’importe quel type de cellule) afin de stimuler les follicules présents et matures, mais ne répondant plus aux stimulations hormonales. Un facteur de croissance est injecté à la patiente, dont les cellules souches, par la suite, vont migrer de la moelle osseuse au sang. Les cellules sont ensuite triées par aphérèse (technique de prélèvement à l’aide d’une machine d’un seul ou plusieurs composants sanguins selon les besoins) et injectées dans l’artère ovarienne. Cette méthode s’adresse principalement aux femmes se trouvant à l’âge limite, et n’obtenant pas d’ovocytes malgré une stimulation hormonale.
Article paru dans Je Science donc J'écris n°27 - Avril 2021