Les maladies psychiatriques seraient l'apanage des pays riches : sédentarisation, pression sociale, la dépendance à la technologie, manque de manques… beaucoup d’explications à un postulat qui serait en fait probablement faux.
On estimait qu’une personne sur 14 souffrait de dépression, de trouble bipolaire, de trouble anxieux ou de schizophrénie en 2016. Pour les personnes ayant vécu des guerres ou conflits armés ces dernières dix années, les risques de souffrir d’un de ces troubles s’élèvent alors à un sur quatre. Quantifier les troubles mentaux n’est pas chose aisée. La manière la plus courante de s’y prendre est de faire remplir un questionnaire aux sondés. Vous imaginez bien tous les biais liés à la question posée et à notre représentation de nous-même qui peuvent influencer le résultat.
Une autre approche consiste à utiliser des indicateurs comme le nombre de suicides ou la quantité de psychotropes prescrits. Là aussi, les biais culturels sont importants. Chaque indicateur illustre en fait un aspect particulier de notre santé mentale.
Bruno Falissard, psychiatre et directeur du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations confie au journal de l’Inserm de décembre “En France le taux de sucide à baissé de 26% entre 2003 et 2016, ce dont on peut se réjouir mais dans le même temps on observe chez eux une forte augmentation des indicateurs de dépréssivité”.
Dans de nombreux pays, les maladies mentales sont encore un tabou et largement sous-estimées. Si elles sont vues comme un signe de faiblesse, la population aura moins tendance à se faire soigner et le personnel médical sera bien moins bien formé à y faire face. C’est le cas dans beaucoup de pays d’Afrique ou d’Asie mais nous pouvons aussi débattre du fait qu’en France la question reste encore largement problématique.
Sur le site de l’Organisation Mondiale de la Santé nous pouvons lire “Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, 76% à 85% des personnes souffrant de troubles mentaux ne sont pas prises en charge pour cette pathologie. Dans les pays à revenu élevé, 35% à 50% des personnes touchées se trouvent dans la même situation.”
Entre les indicateurs imparfaits, les différences culturelles et les définitions des maladies psychiatriques qui changent rapidement, vous l’aurez compris ce n’est pas évident de dire si dans tel ou tel pays il y a plus ou moins de maladies mentales que dans tel autre pays. Nous pouvons plus facilement faire un suivi dans le temps et de constater des évolutions au sein d’un même pays.
En savoir plus
Article paru dans Je Science donc J'écris n°27 - Avril 2021